1) Où en sommes-nous ?
L’école concerne en France, directement, plus de dix millions de personnes ; indirectement (si on inclut les parents d’élèves actifs) beaucoup plus. C’est un lieu sensible pour des raisons de plusieurs ordres : d’abord la fougue tumultueuse de la jeunesse, c’est vrai, et le malaise réel lié au « métier d’élève » ; ensuite la dévalorisation et la déconsidération du corps enseignant (perte de pouvoir d’achat mais aussi du prestige naguère lié à la fonction) ; enfin la forte attente sociale en matière de résultats, soit en termes d’égalité, soit de préparation efficace à l’emploi (de la part des jeunes et des parents, de la part des entreprises).
Il suffit que l’insatisfaction dans l’un de ces secteurs se manifeste pour qu’elle éveille celle qui sommeille dans les autres.
Paradoxalement (mais il faut vraiment s’en réjouir), c’est au sein du camp des « libéraux » que, dans la situation un peu délicate actuelle, se sont manifestés las avis les plus sensibles et les plus pertinents.
Dans une longue interview à Europe 1, dimanche 13 avril, Laurence Parisot, présidente du MEDEF, a exprimé sa compréhension envers les inquiétudes des élèves et des étudiants, sa sensibilité envers le malaise qu’ils expriment, sa foi dans la jeunesse et les valeurs qu’elle représente ; on l’a même entendu dire – a posteriori me semble-t-il - qu’elle avait été très réservée sur le Contrat Première Embauche ( le CPE de vive mémoire) car il stigmatisait les jeunes en début de carrière professionnelle ; il fallait donc probablement écouter, mieux qu’on ne le fait, les jeunes lycéens.
Jacques Attali dans un entretien rapporté sur deux pages dans La Tribune du 14 avril, rappelle que la formation des jeunes est une responsabilité d’intérêt général ; que l’université est un secteur dans lequel la France a fait trop peu d’efforts ; que l’augmentation des droits d’inscription est à bannir ; que lorsque l’ascenseur social est en panne, un pays est menacé de décadence ; enfin que « les étudiants devraient être payés pour étudier, et non pas payer pour étudier » (voilà qui rappellera les revendications soixante-huitardes de présalaires pour les « jeunes travailleurs intellectuels »).
En même temps, dans le même journal, Xavier Darcos, ministre de l’éducation nationale (il est vrai sans les Universités, qui relèvent de Valérie Pécresse ) se livre à une bataille de chiffres, relative aux suppressions d’emploi et au taux d’encadrement, conduisant les syndicats sur ce terrain qu’ils maîtrisent mieux que tout autre, et faignant d’ignorer que dans les mouvements qui agitent l’éducation, toujours, un « train » peut en cacher un autre.
« Je suis un vieux de la vieille » déclare-t-il ; certes, un vieux de la vieille école ! ceux qui ont suivi son parcours ne l’ignorent pas : professeur de lettres classiques à Périgueux dans les années 70, muté au lycée Montaigne à Bordeaux, puis nommé Inspecteur Pédagogique régional, puis Inspecteur général, il a poursuivi une carrière professionnelle toujours marquée par le plus pur conservatisme à la Jacqueline de Romilly (ceux qui ont eu l’occasion de polémiquer avec lui s’en souviennent .. ). Affirmant que "le système éducatif est coûteux et peu efficace", il rompt certes avec le triomphalisme de certains de ses prédécesseurs (« Nous avons le meilleur système éducatif du monde ! ») et se cale – bien obligé … - sur les évaluations internationales qui nous mettent, en termes de résultat, en queue du peloton des pays de l’OCDE).
Mais selon quel syllogisme trompeur peut-on dire que s’il est coûteux et pas efficace, il suffira de le rendre moins coûteux pour qu’il soit plus efficace ? Et quels sont, au-delà de quelques déclarations de principe, les objectifs et les méthodes qu'il propose pour rendre son efficacité à notre école ?
2) Que pouvons-nous faire ?
De quels maux souffre donc notre école ? Où s’enracinent-ils ? Connaît-on des solutions efficaces ? Comment et avec qui les mettre en œuvre ? Cela relève-t-il de la prospective ou de l’utopie ?
Suite de ce texte dans la prochaine parution édition (RLB-Log)
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