samedi 20 septembre 2008

Dieu, et au delà

1) Dieu présent parmi nous

A quelques jours d’intervalle
, le 10 septembre, le CERN (Centre Européen de Recherche Nucléaire) lançait la plus formidable expérience jamais tentée de physique nucléaire, et le 12 du même mois, Benoît XVI, le pape, faisait visite en France, où il êtait reçu à l’Elysée.


Aucun rapport, si ce n’est une coïncidence de dates entre ces deux événements
A ceci près que l’un tend à rechercher les modalités, voire les causes des phénomènes qui se sont produits voici 13 milliards d’année, lors du « Big Bang », voire avant ; et donc à rechercher pourquoi la matière à une masse ; avec aussi la perspective de créer de l’anti-matière, ce par quoi la matière s’anéantit et le néant s’établit là où auparavant elle était. C’est la science
L’autre en revanche sait déjà tout cela, comme cela lui a été révélé : que c’est un être éternel (et non seulement immortel), hors du temps et de l’espace (hors de la matière donc) qui a fabriqué le monde (enfin, le ciel et la terre) et exige qu’à ce titre il soit adoré. C’est la religion.

Le succès médiatique de l’un frôle la confidence ; celui de l’autre en revanche est considérable, tant par la couverture qui lui est assurée que par l’audience.

Comment, en ce XXI° siècle de l’ère chrétienne, peut-on simultanément chercher, à la limite du pensable et du possible, et savoir de façon absolue ?

C’est le dieu des Juifs et des Chrétiens – c’est le même -, que nous prendrons ici en considération ; celui dont les définitions ont marqué et marquent encore notre culture occidentale, dans cet espace conquis par les Romains où il partagea l’empire avec les empereurs, même si les récits concernant ce dieu, puisent leurs sources, bien au-delà, dans les civilisations mésopotamiennes et les mythologies païennes.

Comment donc expliquer cette prégnance du révélé, du sacré, du divin, dans notre monde qui privilégie la matière, ses transformations, sa consommation ?

Certes, les pratiquants, en France, sont devenus minoritaires (ce n’est pas le cas dans d’autres pays occidentaux : Etats-Unis, en Irlande …), mais les « croyants », ceux qui choisiront une sépulture religieuse (pensons à cet agnostique déclaré que fut Mitterrand), et ceux qui disent qu’ils ne pratiquent pas, mais qu’ils « croient », sont beaucoup plus nombreux, et dans tout le spectre de la société ; la foi peut prendre des aspects très différents : celle du charbonnier, celle du mystique, celle du sceptique, celle du savant ; celle qui correspond au travail de la raison (le noos des grecs), à celui du cœur (le thumos), à celui du ventre (epithumia : ce qui est sous le coeur) ; celle que l’on accepte par tradition (les racines chrétiennes), par raison (Leibniz : Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien), ou par calcul (Pascal : Je ne suis sûr de rien, mais s’il y a un dieu, alors autant l’honorer, je ne peux rien y perdre mais tout y gagner). Mais cela reste la foi ; aucune preuve ne peut l’atteindre ni la constituer : c’est le propre de la « croyance », comme une intuition, un sentiment ; comme –surtout – une consolation.

Car Dieu, selon les mystiques eux-mêmes, est « inconcevable » : saint Paul : Dieu se rend manifeste par ses œuvres à toute intelligence ; saint François d’Assise : Très-haut et tout-puissant Seigneur, aucun homme n’est digne de te concevoir ; Bernanos : La foi c’est 24 heures de doute avec une minute d’espérance. Il existe des « preuves » de l’existence des prophètes, mais point de l’existence de Dieu.

Pourtant le dogme reste on ne peut plus affirmatif : « Je crois en Dieu, le père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre » (Symbole des apôtres, dit aussi Credo) ; et l’évêque de Rome vient de le répéter : « Dieu nous a confié le monde qu’il a créé ».

Or, on ne peut justifier la foi par la foi, la croyance par la croyance. Aussi, peut-on, simplement, douter dans le cadre d’une affirmation absolue ? Où donc s’enracine la foi, puisque ce ne peut pas être dans la foi ?

Nous proposons ici de rechercher des réponses à cette question essentielle, à laquelle nul ne peut se dérober, dans quatre directions :

Un monde qui doute
Un monde qui redoute
Un monde qui cherche
Un monde qui se comble


Prochaine livraison : 2) Un monde qui doute

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