Le pragmatisme, de nombreux gouvernants s’y réfèrent ; ce serait le contraire de la soumission à une idéologie, le refus de la « pensée unique », l’adaptation aux circonstances, en somme l’art de prendre de bonnes décisions au bon moment, comme le paysan se conforme à la pluie et au beau temps.
Le machiavélisme, ce sont les analystes qui le décèlent ; rarement les gouvernants le revendiquent, car il a mauvaise presse ; c’est non seulement le principe, affirmé par Machiavel au XVI° siècle, que la fin justifie les moyens, mais surtout l’adoption de la rouerie comme principe de gouvernement. Toute personne machiavélique se défend de l’être.
L’impéritie appartient à un tout autre domaine, celui de la compétence ou de l’expertise ; plus exactement encore, il s’agit du manque d’expérience, moins pas dans le sens de ne pas connaître le sujet, que dans celui de ne pas savoir (ou vouloir) en appréhender la complexité et surtout la dimension systémique ; par systémique nous entendons que tout phénomène s’inscrit dans un réseau d’interactions à la fois synchroniques (qui se situent dans le même temps) et diachroniques (qui se situent dans la durée).
Nous nous proposons d’examiner plusieurs décisions prises par le gouvernent (i.e. le Président, car il les avait annoncées dans son « programme »), à l’aune de ces trois critères.
Dans le domaine économique : le bouclier fiscal, puis l’application du principe « Travailler plus pour gagner plus ».
Dans le domaine de l’éducation, la question de la sectorisation (carte scolaire) et la suppression des cours le samedi matin, puis la foration des maîtres.
Dans le domaine de l’organisation territoriale, la réforme en cours concernant les conseils régionaux ou généraux.
Le bouclier fiscal.
Le machiavélisme, ce sont les analystes qui le décèlent ; rarement les gouvernants le revendiquent, car il a mauvaise presse ; c’est non seulement le principe, affirmé par Machiavel au XVI° siècle, que la fin justifie les moyens, mais surtout l’adoption de la rouerie comme principe de gouvernement. Toute personne machiavélique se défend de l’être.
L’impéritie appartient à un tout autre domaine, celui de la compétence ou de l’expertise ; plus exactement encore, il s’agit du manque d’expérience, moins pas dans le sens de ne pas connaître le sujet, que dans celui de ne pas savoir (ou vouloir) en appréhender la complexité et surtout la dimension systémique ; par systémique nous entendons que tout phénomène s’inscrit dans un réseau d’interactions à la fois synchroniques (qui se situent dans le même temps) et diachroniques (qui se situent dans la durée).
Nous nous proposons d’examiner plusieurs décisions prises par le gouvernent (i.e. le Président, car il les avait annoncées dans son « programme »), à l’aune de ces trois critères.
Dans le domaine économique : le bouclier fiscal, puis l’application du principe « Travailler plus pour gagner plus ».
Dans le domaine de l’éducation, la question de la sectorisation (carte scolaire) et la suppression des cours le samedi matin, puis la foration des maîtres.
Dans le domaine de l’organisation territoriale, la réforme en cours concernant les conseils régionaux ou généraux.
Le bouclier fiscal.
Son principe est double : 1°) Le Président a été élu pour baisser les impôts, non pour les augmenter, personne donc ne doit payer en prélèvements obligatoires plus de la moitié de ce qu’il gagne. 2°) Il est de l’intérêt de tous (recettes fiscales, emploi …) d’éviter l’évasion fiscale et l’implantation de sièges sociaux d’entreprises dans des où la pression fiscale est moindre, ou nulle. En instaurant donc le bouclier fiscal, on fait donc coup double.
Le coup en réalité est parti dans plusieurs directions, mais, tout d’abord il n’a guère produit d’effet en matière d’évasion fiscale, puisque le discours obstinément démagogique du Président sur les paradis fiscaux et la limitation des bonus bancaires, tout comme la liste des 3.000 du ministre du budget, qui cacheraient des avoirs clandestins dans des banques suisses, ainsi que les fermetures et les délocalisations d’entreprises, montrent bien que ledit bouclier n’a guère eu d’effet sur l’évasion fiscale et sur le maintien des entreprises en l’hexagone.
Quant à « baisser les impôts », on n’a pu faire croire à personne que la barre des 50% pouvait concerner les classes défavorisées et même les classes moyennes supérieures. Cette mesure a été en revanche perçue comme un cadeau fait aux personnes les plus favorisés et aux grosses fortunes, qui du même coup, ne paient plus l’impôt sur la fortune.
Comme en revanche elle a diminué le montant des rentrées fiscales, le Premier ministre, puis le Président ont pu ainsi dire que les « caisses étaient vides », qu’il fallait augmenter le forfait hospitalier, ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux, augmenter les charges et en même temps diminuer le budget des collectivités territoriales.
Au résultat : un effet positif pour les riches, un effet négatif pour les moins riches ; l’effet systémique de la décision n’a pas été pris en compte ; le discours a occulté la réalité ; le cadeau immédiat fait aux classes très aisées a manifesté la rupture d’avec la pensée d’antan, à savoir, y compris Chirac régnant, que les riches avaient le devoir de partager un peu.
Impéritie donc, machiavélisme aussi, sous couvert de pragmatisme
Travailler plus pour gagner plus
Le slogan est plaisant ; il a empli la campagne du candidat ; il confortait ceux qui pensaient que la France était un pays de faignants et de paresseux, de eremmistes nonchalants ; qu’il fallait donc remettre ce pays au travail ; que le problème du pouvoir d’achat dépendait du seul travail ; que ceux qui bénéficiaient de forts revenus le méritaient bien avec leurs dix-huit heures de travail par jour (y compris il est vrai le temps d’aller choisir sa robe chez Dior pour le repas de « travail » du soir, ou le trajet de Paris à Acapulco pour rencontrer un confrère venu de Brasilia, par exemple ; ou encore …). On a donc inventé de favoriser et pour cela défiscaliser les heures sup, tant pour l’employeur que pour l’employé : gagner plus et ne pas payer plus d’impôts ; tout cela se mérite..
Le résultat n’a guère été positif que pour ceux (entreprises et employés) qui se livraient au travail au noir, devenu ainsi légal sans incidences fiscales ; pour le reste, en période de chômage intense, il a limité le nombre de créations d’emplois, car dire que « le travail crée le travail » reste difficile à prouver sauf en période « glorieuse » ; surtout il a légitimé l’idée que le travail et le gain étaient étroitement corrélés, et que les riches étaient eux, les vrais travailleurs méritants (Arlette a dû apprécier) ; enfin il a limité les rentrées fiscales des finances publiques.
C’est un cas manifeste d’impéritie, avec un soupçon de machiavélisme.
Les questions d’éducation
Le ministre Xavier Darcos était un homme du sérail : agrégé de lettres, il a fait carrière dans l’inspection régionale puis générale, a été directeur de cabinet de François Bayrou, alors en poste rue de Grenelle, avant d’être nommé ministre. Mais en éducation, l’expérience montre que les « meilleurs » ministres n’étaient point du sérail : on peut nommer Guichard, Beullac, Savary et même Robien. En ce sens on peut penser que Luc Chatel, ancien DRH chez l’Oréal, pourrait ne pas être un mauvais choix …En tout cas ne connaissant rien au secteur dont il a la charge, il pourrait, s’il savait bien s’entourer et s’affranchir des ordres venus de l’Elysée, écouter des conseils avisés.
Darcos a pris un certain nombre de mesures, inspirées soit de la doctrine présidentielle, soit de la pression des syndicats, soit de son aversion personnelle pour la pédagogie.
La question de la sectorisation (dite carte scolaire)
Doctrine présidentielle : c’est le principe libéral qui s’impose : chaque élève (chaque parent) peut s’inscrire dans l’établissement de son choix. La raison en est qu’une vraie concurrence entre établissements ne peut qu’apporter les bienfaits d’une culture du résultat ; et aussi que cette disposition favoriserait la mixité sociale.
Ceci malgré les avis d’experts qui signalaient que dans la mesure où ni les locaux, ni les effectifs d’enseignants, n’étaient rapidement modulables, ce seraient en définitive les établissements qui choisiraient leurs élèves, et que par conséquent c’est la ségrégation et non la mixité sociale qui en résulterait. Le résultat fut celui prévu par les experts et qu’aujourd’hui les chefs d’établissement constatent et dénoncent.
Impéritie ? Ou plutôt obéissance aveugle aux idées du Président de la part d’un ministre qui avait su s’opposer à cette autre idée venue de l’Elysée, que chaque élève devrait parrainer un enfant de la Shoah, et à qui on avait certainement fait remarquer qu’une fois ça va, au-delà ….
La suppression des cours le samedi matin dans l’enseignement secondaire.
Il fallait atténuer la grogne des enseignants liée à la suppression massive de postes, en leur faisant un petit cadeau : la semaine de quatre jours ; aussi satisfaire les parents qui souhaitaient profiter d’un week-end complet ( à la neige, à la mer,à la campagne) avec leurs enfants. Ceci malgré tous les universitaires spécialistes des rythmes scolaires qui rappelaient que la surcharge horaire journalière qui en résulterait serait nuisible aux capacités d’attention et de travail des enfants. Malgré aussi les économistes de l’éducation qui calculaient que la France tiendrait ainsi le record du plus petit nombre de jours de cours dans l’année et le plus grand nombre d’heure de cours par jour.
Un rapport de la pourtant très prudente inspection générale de l’éducation nationale confirme les prévisions des experts.
Pragmatisme donc, doublé d’impéritie.
La formation des enseignants
C’est un projet présidentiel : porter cette formation au niveau de bac + 5, c'est-à-dire celui du master. Darcos qui n’a plus droit à la désobéissance, s’aligne ; il y voit aussi l’opportunité dont il rêve depuis toujours, donner le coup de grâce à la pédagogie, au pédagogisme dit-il, et aux pédagogues universitaires ou praticiens, avec lesquels il a depuis le début de sa carrière d’enseignant, entretenu des relations conflictuelles ; en simplifiant, certes, sa doctrine pédagogique est celle de nos grands-parents : « Ecoutez et répétez ». Le moyen ? Supprimer les IUFM, création de la gauche jospinienne (oubliant qu’ils avaient été préfigurés par Beullac, sous Giscard …).
Oubliant aussi que les enseignants étaient déjà recrutés à Bac + 5 : licence : Bac + 3 ; un an ou deux de préparation au concours théorique : Bac + 4 ou 5 ; un an de formation en IUFM : Bac + 5 ou 6.
Le résultat est un cafouillage sans précédent ; les décrets ont été publiés, mais les universités (qui sont des établissements publics autonomes) ne sont pas encore prêtes pour préparer ces masters ; et ici et là on s’inquiète – y compris chez ceux qui, souvent avec raison, critiquaient les IUFM – de la perspective qui s’annonce de jeunes enseignants débarquant dans une école, un collège ou un lycée, sans autre formation que la connaissance universitaire de la matière qu’ils sont appelés à enseigner.
Impéritie, absolument ; réflexe idéologique aussi
La réforme territoriale
C’est dit-on le « chantier » du quinquennat.
Où en est-on ? Après le rapport Attali : pour alléger une administration devenue une vraie tout de Babel, avec ses multiples étages et ses difficultés d’harmonisation et de communication, le rapporteur suggère de supprimer les Conseils généraux ; puis après la grogne consécutive des élus qui, cumul des mandats aidant, sont souvent députés et conseillers généraux, voire présidents, on tranche en supprimant les conseillers généraux, mais pas les conseils généraux ; on crée des conseillers territoriaux qui siègeront à la fois au conseil général (département) et au conseil régional (région).
Bien sûr les collectivités y gagneront quelques centaines de salaires en moins, mais l’esprit de réforme : alléger le mille-feuilles des instances territoriales, ne s’y retrouvera pas. Au contraire, on créera de fait une instance supplémentaire : l’instance territoriale qui viendra chapoter la régionale et la départementale : mille et une feuilles donc.
Le seul avantage pour le parti au pouvoir, c’est le nouveau découpage électoral qui lui est associé et qui pourrait bien nuire à la gauche, laquelle est majoritaire en régions et départements.
Il y a là du pragmatisme ( bien regrettable), celui qui consiste à ne pas être impopulaire auprès des élus de sa propre majorité et qui conduit à abandonner un projet bienvenu de simplification administrative; et du machiavélisme : tout ce chambardement inopérant ordonné à des impératifs électoraux.;
A la question que nous avions naguère posée, Sarkosy, style ou méthode, s’ajoute donc aujourd’hui celle de la compétence réelle de nos gouvernants, des motivations qui les conduisent aux décisions, et de leur soumission inconditionnelle aux idées d’un seul.
Le peuple italien disait, enthousiaste, « Mussolini ha sempre ragione » ; Nadine Morano aujourd’hui à 13 heures sur la 2, plusieurs fois répéta : « Je crois en Nicolas Sarkosy »
Pragmatisme, oui ; machiavélisme, peut-être ; impéritie, hélas ; dévotion à coup sûr.
Travailler plus pour gagner plus
Le slogan est plaisant ; il a empli la campagne du candidat ; il confortait ceux qui pensaient que la France était un pays de faignants et de paresseux, de eremmistes nonchalants ; qu’il fallait donc remettre ce pays au travail ; que le problème du pouvoir d’achat dépendait du seul travail ; que ceux qui bénéficiaient de forts revenus le méritaient bien avec leurs dix-huit heures de travail par jour (y compris il est vrai le temps d’aller choisir sa robe chez Dior pour le repas de « travail » du soir, ou le trajet de Paris à Acapulco pour rencontrer un confrère venu de Brasilia, par exemple ; ou encore …). On a donc inventé de favoriser et pour cela défiscaliser les heures sup, tant pour l’employeur que pour l’employé : gagner plus et ne pas payer plus d’impôts ; tout cela se mérite..
Le résultat n’a guère été positif que pour ceux (entreprises et employés) qui se livraient au travail au noir, devenu ainsi légal sans incidences fiscales ; pour le reste, en période de chômage intense, il a limité le nombre de créations d’emplois, car dire que « le travail crée le travail » reste difficile à prouver sauf en période « glorieuse » ; surtout il a légitimé l’idée que le travail et le gain étaient étroitement corrélés, et que les riches étaient eux, les vrais travailleurs méritants (Arlette a dû apprécier) ; enfin il a limité les rentrées fiscales des finances publiques.
C’est un cas manifeste d’impéritie, avec un soupçon de machiavélisme.
Les questions d’éducation
Le ministre Xavier Darcos était un homme du sérail : agrégé de lettres, il a fait carrière dans l’inspection régionale puis générale, a été directeur de cabinet de François Bayrou, alors en poste rue de Grenelle, avant d’être nommé ministre. Mais en éducation, l’expérience montre que les « meilleurs » ministres n’étaient point du sérail : on peut nommer Guichard, Beullac, Savary et même Robien. En ce sens on peut penser que Luc Chatel, ancien DRH chez l’Oréal, pourrait ne pas être un mauvais choix …En tout cas ne connaissant rien au secteur dont il a la charge, il pourrait, s’il savait bien s’entourer et s’affranchir des ordres venus de l’Elysée, écouter des conseils avisés.
Darcos a pris un certain nombre de mesures, inspirées soit de la doctrine présidentielle, soit de la pression des syndicats, soit de son aversion personnelle pour la pédagogie.
La question de la sectorisation (dite carte scolaire)
Doctrine présidentielle : c’est le principe libéral qui s’impose : chaque élève (chaque parent) peut s’inscrire dans l’établissement de son choix. La raison en est qu’une vraie concurrence entre établissements ne peut qu’apporter les bienfaits d’une culture du résultat ; et aussi que cette disposition favoriserait la mixité sociale.
Ceci malgré les avis d’experts qui signalaient que dans la mesure où ni les locaux, ni les effectifs d’enseignants, n’étaient rapidement modulables, ce seraient en définitive les établissements qui choisiraient leurs élèves, et que par conséquent c’est la ségrégation et non la mixité sociale qui en résulterait. Le résultat fut celui prévu par les experts et qu’aujourd’hui les chefs d’établissement constatent et dénoncent.
Impéritie ? Ou plutôt obéissance aveugle aux idées du Président de la part d’un ministre qui avait su s’opposer à cette autre idée venue de l’Elysée, que chaque élève devrait parrainer un enfant de la Shoah, et à qui on avait certainement fait remarquer qu’une fois ça va, au-delà ….
La suppression des cours le samedi matin dans l’enseignement secondaire.
Il fallait atténuer la grogne des enseignants liée à la suppression massive de postes, en leur faisant un petit cadeau : la semaine de quatre jours ; aussi satisfaire les parents qui souhaitaient profiter d’un week-end complet ( à la neige, à la mer,à la campagne) avec leurs enfants. Ceci malgré tous les universitaires spécialistes des rythmes scolaires qui rappelaient que la surcharge horaire journalière qui en résulterait serait nuisible aux capacités d’attention et de travail des enfants. Malgré aussi les économistes de l’éducation qui calculaient que la France tiendrait ainsi le record du plus petit nombre de jours de cours dans l’année et le plus grand nombre d’heure de cours par jour.
Un rapport de la pourtant très prudente inspection générale de l’éducation nationale confirme les prévisions des experts.
Pragmatisme donc, doublé d’impéritie.
La formation des enseignants
C’est un projet présidentiel : porter cette formation au niveau de bac + 5, c'est-à-dire celui du master. Darcos qui n’a plus droit à la désobéissance, s’aligne ; il y voit aussi l’opportunité dont il rêve depuis toujours, donner le coup de grâce à la pédagogie, au pédagogisme dit-il, et aux pédagogues universitaires ou praticiens, avec lesquels il a depuis le début de sa carrière d’enseignant, entretenu des relations conflictuelles ; en simplifiant, certes, sa doctrine pédagogique est celle de nos grands-parents : « Ecoutez et répétez ». Le moyen ? Supprimer les IUFM, création de la gauche jospinienne (oubliant qu’ils avaient été préfigurés par Beullac, sous Giscard …).
Oubliant aussi que les enseignants étaient déjà recrutés à Bac + 5 : licence : Bac + 3 ; un an ou deux de préparation au concours théorique : Bac + 4 ou 5 ; un an de formation en IUFM : Bac + 5 ou 6.
Le résultat est un cafouillage sans précédent ; les décrets ont été publiés, mais les universités (qui sont des établissements publics autonomes) ne sont pas encore prêtes pour préparer ces masters ; et ici et là on s’inquiète – y compris chez ceux qui, souvent avec raison, critiquaient les IUFM – de la perspective qui s’annonce de jeunes enseignants débarquant dans une école, un collège ou un lycée, sans autre formation que la connaissance universitaire de la matière qu’ils sont appelés à enseigner.
Impéritie, absolument ; réflexe idéologique aussi
La réforme territoriale
C’est dit-on le « chantier » du quinquennat.
Où en est-on ? Après le rapport Attali : pour alléger une administration devenue une vraie tout de Babel, avec ses multiples étages et ses difficultés d’harmonisation et de communication, le rapporteur suggère de supprimer les Conseils généraux ; puis après la grogne consécutive des élus qui, cumul des mandats aidant, sont souvent députés et conseillers généraux, voire présidents, on tranche en supprimant les conseillers généraux, mais pas les conseils généraux ; on crée des conseillers territoriaux qui siègeront à la fois au conseil général (département) et au conseil régional (région).
Bien sûr les collectivités y gagneront quelques centaines de salaires en moins, mais l’esprit de réforme : alléger le mille-feuilles des instances territoriales, ne s’y retrouvera pas. Au contraire, on créera de fait une instance supplémentaire : l’instance territoriale qui viendra chapoter la régionale et la départementale : mille et une feuilles donc.
Le seul avantage pour le parti au pouvoir, c’est le nouveau découpage électoral qui lui est associé et qui pourrait bien nuire à la gauche, laquelle est majoritaire en régions et départements.
Il y a là du pragmatisme ( bien regrettable), celui qui consiste à ne pas être impopulaire auprès des élus de sa propre majorité et qui conduit à abandonner un projet bienvenu de simplification administrative; et du machiavélisme : tout ce chambardement inopérant ordonné à des impératifs électoraux.;
A la question que nous avions naguère posée, Sarkosy, style ou méthode, s’ajoute donc aujourd’hui celle de la compétence réelle de nos gouvernants, des motivations qui les conduisent aux décisions, et de leur soumission inconditionnelle aux idées d’un seul.
Le peuple italien disait, enthousiaste, « Mussolini ha sempre ragione » ; Nadine Morano aujourd’hui à 13 heures sur la 2, plusieurs fois répéta : « Je crois en Nicolas Sarkosy »
Pragmatisme, oui ; machiavélisme, peut-être ; impéritie, hélas ; dévotion à coup sûr.