dimanche 18 avril 2010

Au jour le jour/ Dimanche 18 avril / Sturm und Drang

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Dimanche 18 avril : hormis les quelque 100.000 Français bloqués à l’étranger, les chefs d’Etat privés de funérailles nationales en Pologne ( une chance pour Barak qui avait dit que peut-être il n’irait pas), les marchands de fruits exotiques (encore que sur les étals des marchés on trouve comme avant des bananes antillaises), qui vraiment souffre de cette privation de transports aériens ?. A l’heure de la communication virtuelle, les hommes d’affaire échangeront et décideront par vidéo-conférence ; les vacanciers réapprendront la subtile beauté du temps de voyager, comme naguère avec le Sud-Express, l’Orient-Express, ou la diligence ; Casanova mettait une semaine pour se rendre de Venise à Paris, sa vie n’en était ni moins riche ni plus morne ; les habitants des plaines de Roissy ou d’Orly retrouveront le charme oublié des jardins silencieux ; les gaz à effet de serre seront moins denses dans l’atmosphère ; les clandestins pourront séjourner un peu plus longtemps dans leur pays d’adoption ; le souverain économisera son avion tout neuf et Carla n’ira pas faire semblant de jouer avec Drucker sur les pistes d’envol de la patrouille de France ; et surtout le risque d’un nouveau 11 septembre s’évanouit ; et puis sans avion il n’y aurait eu ni Hiroshima ni Nagasaki ...

Certains y voient la main de Dieu qui vient punir les hommes de leur excessive prétention ; déjà Savonarole, au XV° siècle, annonçait le glaive de Dieu : "Ecce gladium domini super terram cito et velociter" ; d’autres rappellent que la veille de la Pâque, le ciel s’assombrit et le voile du temple se déchira ; les romantiques chantaient le Sturm und Drang et Vigny dans La mort du loup déclamait: « Les nuages couraient sur la lune enflammée comme sur l’incendie on voit fuir la fumée ; déjà quelques lustres plus tôt Chateaubriand concluait son René par cette apostrophe « Levez vous orages désirés qui devez emporter René dans les espaces d’une autre vie ».


Bref finalement, tout compte fait, la majorité des citoyens du monde s’en porte même un peu mieux. Ah, si le souverain pouvait apprendre les vertus de la lenteur ! Mais le nuage se disperse, les particules perdent de leur nocivité ; et cette vie, selon Verlaine « humble et tranquille », celle aussi que chantait François d’Assise, ce n’était qu’un mirage.

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