lundi 12 avril 2010

Au jour le jour/ Lundi 12 avril / La force qui va

Lundi 12 avril : le souverain semble n’avoir qu’un mot à la bouche : « Vite, vite ! » ; il lui faut des résultats tout de suite. Alors autour de lui on s’empresse, on se presse, on se hâte, on galope. Parfois ça marche, parfois ça ne marche pas ; avec Carla ce fut le coup de foudre et la conclusion ne se fit pas attendre ; avec Jean le fils ; il fallut rétropédaler ; avec la taxe carbone itou ; avec la burqa, tiens on n’en parle plus ; avec les superbonus des superbanquiers, pareil. Mais comme une annonce s’enchaîne avec la précédente, quitte à se rouler dans la contradiction, le bon peuple se focalise sur la dernière trouvaille du matin, et on oublie les précédentes.

Il n’a peut-être pas lu La Princesse de Clèves, mais il trouve ailleurs son inspiration, à son insu peut-être, mais son mérite n’en serait que plus grand. C’est le Victor Hugo de la Légende des siècles : « Quand on est jeune on a des matins triomphants » ; et aussi d’Hernani : « Intelligent qui court droit au but qu’il rêva. / Détrompe-toi, je suis une force qui va » ; tout en instinct, l’homme ; il est jeune, il est du matin, il se veut triomphant, il ne réfléchit pas, il fonce.

Alors ses gens s’évertuent et s’essoufflent à l’imiter ; c’est Charon qui s’empresse à désigner Rachida comme responsable de la rumeur ; c’est Guéant qui emboîte le pas mais le lendemain se rétracte : « La vérité d’aujourd’hui n’est pas nécessairement celle d’hier » ; c’est Boutefeux qui s’enflamme après le drame de Grenoble, rend visite au blessé, désigne les responsables (on a chez les sarkosyens la manie du coupable) avant toute enquête, promet le châtiment et bien sûr une nouvelle loi !

Et puis aujourd’hui, rebelote ; on ouvre les négociations sur les retraites ; le Conseil d’orientation des retraites ne remettra son rapport que dans quelques jours, mais qu’est-ce qu’on en a à f… ; l’essentiel c’est la concertation ; mais il faut surtout faire vite, en deux mois tout doit être plié ; alors Eric la finance dit le calendrier, dit les enjeux, dit les hypothèses. Alors à quoi pouvait-il s’attendre, si ce n’est que les syndicats (sauf le Medef) disent unanimement « Niet » ? Bref, ça commence bien.

Oublions Raymond Barre : « Il faut donner du temps au temps » ; négligeons la sagesse populaire : « Doucement, doucement, je suis pressé » ; et surtout ne consultons pas Carla, car elle le sait bien : « Chi va piano va sano, e va lontano » ; et puis, tant qu’à faire, chantons l’Internationale : « Du passé faisons table rase ».


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