Dimanche 28 février : qu’est-ce qu’on peut bien faire en prison quand on en a pris pour six ans ? Je ne parle pas des locataires du quartier VIP de la prison de la Santé, comme par exemple Yvan Colonna, Jacques Mesrine, Jean-Christophe Mitterrand, Bernard Tapie ou Jérôme Kerviel, qui bénéficient du gîte et du couvert dans des cellules doubles avec salles de réunion, douches, télé, bibliothèque … ; pas le luxe certes, mais rien à voir avec les réduits sordides, malodorants, mal fréquentés, des prisons où sont entassés des condamnés ordinaires, ceux qui n’ont pas détourné des millions voire des milliards, mais ont volé une voiture, ou cassé la vitrine d’un joaillier ou détroussé un passant ; des mauvais sujets, certes, mais pas de grand chemin. Qu’est ce qu’ils font donc ceux-là ?
Un prophète, le film de Jacques Audiard, récompensé hier par neuf Césars, en 156 minutes, nous en donne l’essentiel. On y apprend à gérer des activités professionnelles (par exemple utiliser une machine à coudre) ; on y apprend à lire, à écrire et à compter ; on y apprend des langues étrangères (par exemple le corse) ; on y apprend aussi l’humiliation quotidienne, la dure loi du milieu, la soumission aux caïds, la façon de rosser le rival, d’assouvir vengeance et même de tuer ; on y apprend à devenir soi-même un caïd et, peine purgée, à passer de petit délinquant à membre influent du grand banditisme. Bien sûr ceci n’est valable que pour les meilleurs ; les autres resteront de minables délinquants, récidivistes potentiels, voire multirécidivistes chevronnés comme aime à les dénoncer calomnieusement un certain Delattre.
MAM n’en a pas parlé, mais elle a dû voir le film dans la salle de projection privée de son ministère. Jusqu’à présent elle n’a rien dit ; elle hésite ; ou bien elle attaque en justice Jacques Audiard pour discours calomnieux sur les prisons ; ou bien elle écrit un article d’une page dans un grand journal quotidien, pour y faire l’éloge des prisons françaises, en dépit des admonestations que l’Europe a adressées à la France eu égard aux conditions inhumaines de détention ; ou encore elle lance un grand débat national sur la situation pénitentiaire (Besson, le spécialiste des grands débats pourrait l’y aider, et Rachida candidate au remplacement dudit traître incompétent, en être maître d’œuvre) .
Car améliorer les conditions de détention ne constitue que la face visible de la question ; laquelle en vérité va bien au-delà de la privation de liberté ; elle concerne à la fois la conception et la pratique de la pénitence : que faire d’un délinquant ? Le plus simple certes est de l’opprimer et de l’enfermer ; mais est-ce le plus juste et le plus efficace ? Car le plus difficile, on le voit, est encore de le libérer.
Je suggère donc au souverain, toujours sensible aux droits de l’homme et aux questions sociales, de mettre un terme au foireux débat sur l’identité nationale et d’ouvrir, afin d’illuminer la fin de son quinquennat, celui de l’identité pénitentiaire. Je suis sûr que Charles, Alain , Jacques, JeanChristophe et quelques autres seraient d’accord.
Un prophète, le film de Jacques Audiard, récompensé hier par neuf Césars, en 156 minutes, nous en donne l’essentiel. On y apprend à gérer des activités professionnelles (par exemple utiliser une machine à coudre) ; on y apprend à lire, à écrire et à compter ; on y apprend des langues étrangères (par exemple le corse) ; on y apprend aussi l’humiliation quotidienne, la dure loi du milieu, la soumission aux caïds, la façon de rosser le rival, d’assouvir vengeance et même de tuer ; on y apprend à devenir soi-même un caïd et, peine purgée, à passer de petit délinquant à membre influent du grand banditisme. Bien sûr ceci n’est valable que pour les meilleurs ; les autres resteront de minables délinquants, récidivistes potentiels, voire multirécidivistes chevronnés comme aime à les dénoncer calomnieusement un certain Delattre.
MAM n’en a pas parlé, mais elle a dû voir le film dans la salle de projection privée de son ministère. Jusqu’à présent elle n’a rien dit ; elle hésite ; ou bien elle attaque en justice Jacques Audiard pour discours calomnieux sur les prisons ; ou bien elle écrit un article d’une page dans un grand journal quotidien, pour y faire l’éloge des prisons françaises, en dépit des admonestations que l’Europe a adressées à la France eu égard aux conditions inhumaines de détention ; ou encore elle lance un grand débat national sur la situation pénitentiaire (Besson, le spécialiste des grands débats pourrait l’y aider, et Rachida candidate au remplacement dudit traître incompétent, en être maître d’œuvre) .
Car améliorer les conditions de détention ne constitue que la face visible de la question ; laquelle en vérité va bien au-delà de la privation de liberté ; elle concerne à la fois la conception et la pratique de la pénitence : que faire d’un délinquant ? Le plus simple certes est de l’opprimer et de l’enfermer ; mais est-ce le plus juste et le plus efficace ? Car le plus difficile, on le voit, est encore de le libérer.
Je suggère donc au souverain, toujours sensible aux droits de l’homme et aux questions sociales, de mettre un terme au foireux débat sur l’identité nationale et d’ouvrir, afin d’illuminer la fin de son quinquennat, celui de l’identité pénitentiaire. Je suis sûr que Charles, Alain , Jacques, JeanChristophe et quelques autres seraient d’accord.