lundi 15 février 2010

Au jour le jour/ Lundi 15 février

Lundi 15 février : décidément il s’en passe des choses pas très catholiques ; et pas seulement dans l’arène politique, entre Frèche et Fabius / Aubry ; entre le Sud et le Nord ; entre les Cathares et les Thalas ; entre les hérétiques et les fidèles ; non pas seulement là, mais aussi dans les hautes sphères de la pensée ; entre cet homme bien de chez nous, agrégé de philosophie, chroniqueur au Canard, nommé comme il sonne bien au sud de la Loire Frédéric Pagès ; entre Frédéric Pagès donc et cette sommité de la pensée française, inventeur de la nouvelle philosophie, époux de l’hyper-star Arielle, auteur de nombreux essais dont voici trente ans Le Testament de Dieu et aujourd’hui De la guerre en philosophie ; j’ai nommé Bernard-Henry Levy.

En réalité le différend n’est pas entre Frédéric et Bernard, mais entre Bernard et Bernard. Même si Frédéric en est la cause. Soyons clair : Bernard donc publie De la guerre en philosophie ; en véritable penseur il fustige à mort les anciens philosophes ; Kant en particulier en prend pour son grade et en des termes pas du tout catholiques ; pour appuyer son propos de façon scientifique il cite Jean-Baptiste Botul, auteur d’une série de conférences auprès des néo-kantiens du Paraguay. Le problème c’est que le Botul en question n’existe pas, qu’il n’y a jamais eu de cycle de conférences sur Kant au Paraguay, ni d’ailleurs probablement de néo-kantiens.

Et donc notre Pagès ? Voilà : chroniqueur attitré au Canard enchaîné, il est l’auteur d’un canular philosophique dans lequel il a inventé de toutes pièces le personnage de Botul : La vie sexuelle d’Emmanuel Kant ; un canular dans l’esprit du Canard. Comme il y a des gens qui lisent à la fois BHL et Le Canard, le pot aux roses a été dévoilé. Du coup on se souvient que voici trente ans, lors de la publication de Le testament de Dieu, Pierre Vidal Naquet avait dénoncé nombre d’inexactitudes dans les affirmations de BHL ; lequel s’en était sorti en répliquant que faire vivre l’Italien Vico en même temps que Gentile, vu de Sirius, c’était quand même la même époque … Aujourd’hui les choses se compliquent car BHL attendait un couronnement pour son œuvre ; c’est bien compromis. (Source Le Monde du 16 février)

Quel dommage que Pirandello n’écrive plus ! Après A chacun sa vérité, il aurait pu écrire A chacun son mensonge. Enfin, moi je conseille à tous nos penseurs, philosophes, politiques, prêcheurs, météorologues, journalistes et policiers, dont aujourd’hui la parole est frappée de suspicion, d’aller à Rome, à Santa Maria di Cosmedina, placer leur main dans la Bocca della verità, qui de ses dents acérées mutile les menteurs ; non, qu’ils n’y aillent pas, trop de manchots, ça ferait désordre.

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